Ci-dessous le discours de Monsieur Issa Konfourou, Ambassadeur, Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies à l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité sur la fourniture des armes par les pays occidentaux à l’Ukraine. New York, le 30 août 2024…
Monsieur le Président du Conseil,
Je suis heureux, en cette veille de la fin de votre présidence du Conseil de sécurité, de vous adresser, ainsi qu’à l’ensemble de la délégation de Sierra Leone, nos chaleureuses félicitations pour le travail remarquable abattu durant ce mois d’août 2024.
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil, Mesdames et Messieurs,
La délégation du Mali participe à cette réunion, essentiellement pour partager ses vives préoccupations face aux implications et aux conséquences de la fourniture des armes à l’Ukraine sur nos pays et nos populations, loin de la ligne de front entre la Russie et l’Ukraine.
Comme vous le savez, depuis l’éclatement de la crise entre la Russie et l’Ukraine, le Gouvernement du Mali a adopté une position de neutralité.
Cependant, nous sommes de plus en plus préoccupés de voir que cette crise se transporte progressivement vers des régions loin du front, comme vous avez pu le constater, le mois de juillet dernier au Mali, donc au Sahel, voire en Afrique.
En effet, le Porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire et l’Ambassadeur de l’Ukraine au Sénégal ont avoué publiquement et de manière assumée, l’implication de leur pays dans l’attaque lâche, traite et barbare, les 24, 25 et 26 juillet 2024, des groupes armés terroristes ayant causé la mort d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité maliennes à Tinzawatène, au Mali, ainsi que des dégâts matériels importants.
Pire, ces hauts responsables ukrainiens ont publiquement annoncé d’autres «résultats » à venir.
Le Gouvernement du Mali réitère sa condamnation ferme de ce soutien assumé de l’Ukraine aux formations terroristes au Mali, au Sahel et en Afrique. Il a décidé la rupture des relations diplomatiques entre le Mali et l’Ukraine.
Le Mali appelle le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités face à ce choix délibéré de l’Ukraine, afin de prévenir ces actions subversives qui menacent la stabilité du Sahel, voire du continent africain.
Compte tenu de ce précédent fâcheux que je viens de dénoncer, le Gouvernement du Mali exprime sa vive préoccupation pour la question de la fourniture des armes de guerre à l’Ukraine, car il est désormais établi qu’une bonne partie de ces armes fournie à l’Ukraine vient alimenter le terrorisme et la criminalité au Sahel, avec le risque de déstabiliser davantage nos pays et d’aggraver les souffrances de nos populations, déjà éprouvées par plusieurs années de conflits aux conséquences dramatiques.
Nous appelons donc les pays qui fournissent ces armes à l’Ukraine de s’assurer que lesdites armes ne tombent pas entre les mains des groupes terroristes et extrémistes au Sahel et en Afrique.
Pour sa part, le Mali ne souhaite point devenir un champ de convoitise ou de bataille entre les puissances.
Monsieur le Président du Conseil,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,
Je voudrais saisir cette occasion pour répondre à l’Ambassadeur d’Algérie qui, lors de la table-ronde sur les 75 ans de la Convention de Genève sur le droit de la guerre, tenue le 26 août 2024 en Suisse, a cru bon de déclarer avoir, je cite, «appris qu’un drone a effectué une frappe dans le nord du Mali, tuant une vingtaine de civils … ceux qui appuient sur la manette de ce drone n’ont de compte à rendre à personne sur ces frappes… ». Fin de citation
En réponse, je voudrais dire ma grande surprise de voir un diplomate faire une affirmation aussi grave qu’infondée, sur la base de simples allégations de presse. En colportant à la légère ces informations de presse non vérifiées, il se fait le relai de la propagande terroriste dans notre région.
Pour ma part, je rappelle à mon collègue algérien que les Forces de défense et de sécurité du Mali sont des forces professionnelles, qui mènent une lutte implacable contre les groupes terroristes dans le respect strict des droits de l’homme et du droit international humanitaire pour libérer notre territoire et pour protéger les populations et les biens.
De quoi s’agit-il en réalité le 25 août 2024, les FAMa ont mené une reconnaissance offensive qui a repéré des véhicules de type pick-up chargés de matériel de guerre, soigneusement gardés dans une concession dans la localité de Tinzaouatène, au nord-est de Kidal.
Après une surveillance minutieuse, les FAMa ont effectué une série de frappes, qui a permis de détruire ces cibles terroristes et de neutraliser une vingtaine d’hommes armés.
Comme vous pouvez le constater, Monsieur l’Ambassadeur d’Algérie et cher frère Amar, il s’agit bien de terroristes que nos Forces ont neutralisés, le 25 août et non des civils.
Je vous invite donc à adopter une attitude plus constructive et plus respectueuse du Mali et de son peuple, conformément aux relations séculaires de bon voisinage, de fraternité, d’amitié et de coopération qui ont toujours existé entre le Mali et l’Algérie.
Je vous remercie de votre aimable attention.
A. O.
ÉchosMédias