
Les responsables du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI) et leurs partenaires étaient face à la presse, le mercredi 9 octobre 2024, au Mémorial Modibo Keïta de Bamako pour faire le compte rendu de leur mission effectuée à Tombouctou la semaine dernière. Il ressort de cette conférence de presse que plus de 1600 maliens ont bénéficié des compensations monétaires et 70% des réparations collectives ont été mises en œuvre suite à la condamnation de Al Faqi par la CPI en 2016…
Le montant total du fonds s’élève à 1.7 milliard de FCFA. Cette conférence de presse était animée par Aude LE GOFF, responsable du programmes au sein du Fonds, Laetitia NGUEWO, chargée de programme au niveau du Fonds, Modibo Bagayoko, coordinateur de projet à l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), le chercheur Chirfi Moulaye HAIDARA, ressortissant de Tombouctou, en présence d’autres personnalités.
Selon la conférencière, Aude Le GOFF, au cours d’une mission conjointe avec des représentants du gouvernement malien à Tombouctou la semaine dernière, le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale et ses partenaires ont pu remettre aux autorités de la ville et à l’ensemble de sa communauté une part importante des mesures de réparations collectives décidées par les juges dans l’affaire Ahmad Al Faqi Al Mahdi, et initier la dernière phase de ce processus de réparation qui doit prendre fin en décembre 2025.
Elle a fait savoir que ces mesures comportent notamment la construction d’un mémorial, la reconstruction d’un mausolée, l’extension du musée municipal et plusieurs éléments de protection du patrimoine. Elle a précisé que les réparations symboliques et individuelles ont été mises en œuvre à 100% tandis que 70% des réparations collectives ont été mises en œuvre. Aude Le GOFF a indiqué que 1688 maliens ont bénéficié des compensations monétaires. « Pour répondre au préjudice économique résultant indirectement du crime de M. Al Faqi Al Mahdi, les juges de la Cour ont également ordonné que des mesures socio-économiques soient prises pour en atténuer l’impact sur la population de la ville. Dans ce cadre, la fondation CIDEAL, également partenaire du Fonds au profit des victimes, accompagne 42 projets, sélectionnés parmi près de 150 à l’issue d’un processus participatif, pour un appui d’un montant global de 273,000,000 de Francs CFA (env. 417.000 euros). Onze projets visent le renforcement de la cohésion sociale, quatre la protection de l’environnement, un de valorisation du patrimoine culturel, et vingt-trois l’appui aux secteurs productifs. Ces projets ont été lancés officiellement au cours de la mission, et dureront jusqu’en décembre 2025 », révèle le communiqué de presse du Fonds. Quant à Laetitia NGUEWO, chargée de programme au niveau du Fonds, elle a apprécié l’accompagnement des autorités maliennes. Selon Modibo Bagayoko, coordinateur de projet à l’UNESCO, sur 7 mesures prises, 4 ont été finalisées à savoir : le renforcement de capacités de 140 acteurs, la reconstruction de mausolées, la réhabilitation des murs de clôtures de 2 cimetières et le renforcement de capacité de la communauté de Tombouctou.
Les 3 mesures en cours de finalisation, dit-il, sont les travaux de plantation d’arbres, l’installation des lampadaires solaires et la consolidation des acquis. Il a souligné que l’une des difficultés dans la mise en œuvre du projet est l’occupation des emprises. Pour sa part, le chercheur Chirfi Moulaye HAIDARA a souhaité la paix, le vivre ensemble et le développement au Mali. Répondant aux questions des journalistes, les conférenciers ont précisé qu’il fallait être un descendant direct des saints de Tombouctou pour pouvoir bénéficier de compensation monétaire. Les conférenciers ont également signalé que des manuscrits ont pu être protégés.
A rappeler que Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable le 27 septembre 2016 du crime de guerre consistant à avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des bâtiments à caractère religieux et historiques à Tombouctou, au Mali, en juin et juillet 2012 et condamné à neuf ans d’emprisonnement. Sa peine a été réduite de deux ans le 25 novembre 2021. L’ordonnance de réparation a été rendue le 17 août 2017, et confirmée en appel le 8 mars 2018.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain
