
Au lendemain de la célébration de la Journée africaine de l’alimentation scolaire, le Centre National des Cantines Scolaires (CNCS) du Mali et le Programme alimentaire mondial (PAM) se réjouissent des progrès significatifs réalisés dans l’éducation et la sécurité alimentaire des écoliers maliens et appellent à une mobilisation en vue de pérenniser les acquis du programme…
En 2024, grâce au soutien et à une collaboration étroite entre partenaires nationaux et internationaux, près de 200 000 élèves, en particulier dans les régions affectées par les conflits, ont bénéficié de repas scolaires nutritifs.
Cet effort conjoint a permis d’atteindre un taux de rétention scolaire de 98 % dans 700 établissements, témoignant de l’impact positif de l’alimentation scolaire sur la fréquentation et la réussite des élèves.
Cependant, malgré ces efforts remarquables, des défis considérables persistent et menacent d’anéantir les progrès durement obtenus. Depuis octobre 2024, des contraintes financières et opérationnelles, ont forcé le CNCS et le PAM à suspendre temporairement les repas scolaires dans 400 écoles.
Cette situation affecte directement 112 000 élèves, dont une majorité de filles, dans les régions du nord et du centre du Mali, soit 60 % des établissements précédemment soutenus à travers le pays.
«Les cantines scolaires sont bien plus qu’un simple repas. Elles sont un investissement dans l’avenir des enfants, un levier pour l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire. Nous ne pouvons pas laisser ces acquis être anéantis», a déclaré Mme TRAORE SIKA, directrice nationale du CNCS.
«Nous devons agir ensemble pour que chaque enfant ait la possibilité de grandir et d’apprendre dans un environnement sûr et favorable. Ensemble, soutenons les cantines scolaires endogènes pour un repas nutritif à l’école», a-t-elle ajouté.
L’interruption temporaire des cantines scolaires risque de fragiliser non seulement les progrès considérables accomplis en matière d’éducation, de sécurité alimentaire et de stabilité sociale, mais aussi d’aggraver la vulnérabilité des populations déjà éprouvées par l’insécurité alimentaire et les chocs récurrents dans ces régions affectées.
Au Mali, selon les prévisions du Cadre harmonisé d’analyse de la sécurité alimentaire réalisé en décembre 2024, plus de 2,3 millions de personnes ont besoin d’assistance alimentaire et nutritionnelle durant la période de soudure qui s’installe déjà plus tôt cette année.
Les repas scolaires constituent un filet de sécurité sociale essentiel pour beaucoup de familles vulnérables et un levier pour l’éducation des enfants, leur assurant une alimentation quotidienne et nutritive. En effet, pour de nombreux élèves, le repas scolaire représente leur unique source d’alimentation équilibrée.
«En assurant l’accès à l’éducation et à la nourriture, des milliers d’enfants auront les mêmes chances de réussir et de grandir en bonne santé, d’aller à l’école et de construire un meilleur avenir. De plus, les repas scolaires contribuent à renforcer la stabilité sociale et à prévenir les conflits, impactant positivement l’ensemble des communautés où il est mis en œuvre», a déclaré Ibrahima Diallo, directeur adjoint du PAM au Mali.
«Nous devons assurer la pérennité de ce programme crucial à travers la mobilisation de tous les acteurs pour contribuer à bâtir des générations mieux éduquées et rompre le cycle de la faim», a-t-il ajouté.
Au-delà de l’éducation, les cantines scolaires boostent l’économie locale, grâce aux jardins scolaires, dans lesquels des centaines de femmes maraîchères gagnent leur vie en revendant sur le marché local les légumes qu’elles cultivent. Et dans les régions où les repas scolaires sont basés sur les produits locaux, ils offrent aux petits producteurs, un marché sûr permettant aux écoles de s’approvisionner localement tout en augmentant les revenus des familles vulnérables.
La suspension, quoique temporaire, de cette assistance pourrait donc entraîner une perte de revenus pour les producteurs locaux, augmenter la pression sociale sur les familles vulnérables et fragiliser l’économie locale dans les régions affectées.
Pour garantir la continuité des repas scolaires et préserver les progrès accomplis en faveur des enfants du Mali en 2024, le CNCS et le PAM ont urgemment besoin d’un financement de 17,3 millions de dollars, soit plus de 10 907 650 000 milliards de F CFA.
Instituée le 1ᵉʳ mars depuis 2016, Journée africaine de l’alimentation scolaire mobilise et sensibilise l’ensemble des acteurs concernés, notamment les décideurs, les acteurs locaux ainsi que les partenaires techniques et financiers autour des enjeux de l’alimentation scolaire, épine dorsale du système éducatif.
Abdoulaye OUATTARA
ÉchosMédias