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Le Bureau du vérificateur général vient de produire, coup sur coup, cinq rapports sur la Compagnie malienne de développement des textiles, le ministère de l’Agriculture, l’Office des produits agricoles du Mali, l’ambassade du Mali à Genève et celle à Abu Dhabi. Ces différents rapports de vérification, qui couvrent la période de la transition, révèlent des irrégularités financières d’un montant total cumulé d’un peu moins de 10 milliards soit  6 207 779 909 Fcfa, rien que pour la seule CMDT sur lesquelles un montant de 2 016 937 814 Fcfa a été justifié !

1,138 milliard Fcfa pour le ministère de l’Agriculture, 542 millions pour l’Opam,  312 millions de Fcfa pour l’ambassade du Mali à Genève et 202 millions de Fcfa pour notre ambassade à Abu Dhabi.

Au moment où les suspicions gonflent dans l’opinion nationale sur le fonds d’investissement des projets d’infrastructure, la question de la bonne gouvernance se pose alors avec une certaine acuité intrigante.

Les irrégularités financières relevées à la Cmdt s’élèvent à 6 207 779 909 Fcfa sur lesquelles un montant de 2 016 937 814 Fcfa a été justifié.

Elles sont relatives à la favorisation de l’importation, de la réception, du paiement, du stockage et de l’utilisation de pesticides non homologués et importés sans dérogation pour un montant total de 2 700 060 000 Fcfa ; à la non-mobilisation de caution de bonne fin d’exécution pour un montant total de 588 289 812 Fcfa ; à la non-retenue de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux pour un montant total de 798 338 984 Fcfa ; au paiement d’honoraires indus pour un montant total de 2 082 750 Fcfa ; à l’octroi irrégulier d’appuis financiers pour un montant total de 95 868 980 Fcfa et au paiement de TVA indues pour un montant total de 6 201 569 Fcfa…

On soulignera que la CMDT enregistre une dette fournisseur importante de plus de 53 milliards de Fcfa. Pour le BVG, « cette dette doit être gérée au risque de compromettre l’avenir de ses approvisionnements en intrants agricoles.

Ces approvisionnements doivent également tenir compte des besoins et des capacités financières de la Société pour les campagnes à venir. »

La vérification financière et de conformité sur la gestion du Ministère de l’Agriculture couvre la période du 1er juillet 2023 au 31 juillet 2024 et porte sur la gestion des ressources humaines, la gestion du matériel, la demande de dérogation pour l’acquisition des pesticides, la mise en œuvre des opérations spéciales portant sur les dons en urée et en blé et, enfin, sur l’opération du don d’engrais de la Banque mondiale dans le cadre du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA) pour la période allant du 1er juillet 2023 au 31 juillet 2024.

Cette vérification a mis en exergue des irrégularités administratives et des irrégularités financières. La vérification a relevé des irrégularités financières d’un montant total de 1 138 597 025 Fcfa. Sur ce montant, 379 960 000 Fcfa ont été régularisés. Le reliquat non justifié et non régularisé s’élève à 758 637 025 Fcfa.

Ces irrégularités financières sont également relatives à des fractionnements des dépenses pour un montant total de 139 374 727 Fcfa ; à la minoration du prix de vente du blé pour un montant total de 98 876 702 Fcfa ; à la non justification de 295,350 tonnes de blé pour un montant total de 42 041 596 Fcfa ; au non-règlement des factures d’achat de l’urée pour un montant total de 359 744 000 Fcfa ; au non-reversement des montants recouvrés auprès des producteurs pour un montant total de 118 600 000 Fcfa.

À l’Office des produits agricoles du Mali, il est relevé des irrégularités financières s’élevant à plus de 542 millions de Fcfa.

Elles sont relatives au paiement d’indemnités indues aux membres du Comité de gestion pour un montant de 4 350 000 Fcfa, au fractionnement de dépenses portant sur des marchés pour un montant total de 246 169 000 Fcfa, à la non-fourniture de pièces justificatives de dépenses effectuées par demande de cotation pour un montant total de 23 709 258 Fcfa ; au paiement de dépenses inéligibles sur l’avance de fonds faite pour la réhabilitation des magasins pour un montant de 215 088 613 Fcfa.

Mais aussi à la justification de frais de transport par des bons de transfert fictifs pour un montant de 52 780 000 Fcfa, à la non-justification de l’enlèvement par les bénéficiaires de 1 360,500 tonnes de riz résultant d’un don et au morcellement irrégulier du TF n°207 d’une superficie de 2 ha 73 a 73 ca affecté au Ministère des Finances et du Commerce en 1977 pour les besoins de l’OPAM en 35 titres fonciers par les Directeurs régionaux des Domaines de Kayes en poste entre 1997 et 2009.

Au sein de l’Ambassade du Mali à Genève en Suisse, les irrégularités financières s’élèvent à plus de 312 millions de Fcfa relatives à l’octroi d’avantages indus au personnel pour un montant total de 126 398 689 Fcfa ; à la non-justification de dépenses pour un montant total de 47 199 955 Fcfa ; au remboursement de frais médicaux indus pour un montant total de 9 674 292 Fcfa ; à la consommation irrégulière des gains de change pour un montant total de 21 641 815 Fcfa.
On note aussi le non-reversement de recettes pour un montant total de 739 784 Fcfa ; la non-justification d’un déficit de caisse d’un montant de 76 175 967 Fcfa ; la justification de travaux d’entretien par une fausse facture pour un montant de 7 831 119 Fcfa ; le paiement d’honoraires indus pour un montant total de 12 789 126 Fcfa ; la non-justification de l’absence d’équipements acquis pour un montant total de 10 354 333 Fcfa.

S’agissant de l’Ambassade du Mali à Abu Dhabi aux Emirats Arabes Unis, les irrégularités relevées sont relatives au paiement de dépenses indues pour un montant total de 10 879 333 Fcfa ; au paiement de dépenses fictives de frais scolaires pour un montant total de 17 753 106 Fcfa ; à la non-justification des retraits effectués sur le compte bancaire de l’Ambassade pour un montant total de 34 502 266 Fcfa ; à la non-justification de fonds destinés aux salaires et accessoires du personnel local pour un montant total de 55 891 200 Fcfa ; à la non-justification de dépenses relatives aux charges locatives pour un montant total de 30 809 320 Fcfa.

Elles concernent également le paiement de dépenses indues de soins médicaux pour un montant total de 112 820 Fcfa ; la non-justification des virements effectués par l’Ambassadeur sur son compte bancaire personnel pour un montant total de 22 939 080 Fcfa ; la non-justification d’un écart de caisse pour un montant de 23 980 223 Fcfa ; le paiement indu d’indemnités de déplacement et de mission pour un montant total de 2 510 050 Fcfa; la justification de dépenses par des pièces non conformes pour un montant total de 2 694 134 Fcfa.

L’ensemble des faits relevés dans le rapport de vérification et qui sont susceptibles de constituer des infractions à la loi pénale et à la législation budgétaire et financière concernant ces irrégularités financières ont été dénoncés au Procureur de la République chargé du Pôle national économique et financier et transmis au Président de la Section des Comptes de la Cour suprême.

On attend maintenant la suite qui sera réservée à ces rapports qui ne peuvent ne pas faire douter sur la bonne gouvernance sous la transition d’autant que le peuple regarde ébahi le déroulement de plusieurs affaires de fraudes et de corruption qui entrent en justice et y restent pour longtemps, donnant l’impression de plus en sortir comme si ainsi elles trouvaient une solution.

Et comme le dit l’autre : « Il ne faut pas confondre patriotisme et opportunisme dans la construction du pays. Le véritable patriote est celui qui agit avec sincérité et responsabilité pour l’intérêt général, et non celui qui profite des circonstances pour servir ses ambitions personnelles. »

Diamberé Sega

Source : Sud-Hebdo

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