
Mopti, au cœur de l’urgence climatique et sécuritaire. Le jeudi 3 avril 2025, l’ONG DanChurchAid (DCA) a procédé au lancement officiel d’un rapport de recherche sur les pertes et dommages liés au changement climatique dans un contexte de conflit, au sein des États dits «fragiles», avec un focus sur le Mali. L’événement s’est tenu à l’Hôtel Colibris, à Magnambougou Faso Kanu, sous la présidence de Mme Sagara Hélène Douyon, chargée de mission au ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable : MEADD, avec une participation hybride combinant la présence physique à Bamako et des interventions à distance depuis Mopti, Copenhague, Londres, Inde et Ethiopie, permettant un échange riche entre acteurs locaux et partenaires internationaux….
La cérémonie a rassemblé plusieurs parties prenantes : des représentants d’ONG partenaires telles que TASSAGHT, AMEDD, Mali Folkcenter, des journalistes, ainsi que des partenaires techniques et financiers (Direction Nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et Nuisances : DNACPN) engagés dans la lutte contre les impacts croisés du climat et des conflits.
Un rapport pour des réponses locales face à des défis globaux
Réalisée dans le cadre du projet « Promouvoir des réponses locales face aux pertes et dommages liés au changement climatique au Mali », cette étude est le fruit d’un partenariat entre DanchurchAid, l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED) et l’ONG TASSAGHT.

L’objectif était de mieux comprendre comment les populations vivant dans les zones fragilisées du Mali, particulièrement dans la région de Mopti, subissent les impacts du changement climatique et des conflits, et quelles solutions peuvent être envisagées pour y faire face de manière durable.
Le rapport révèle une réalité préoccupante. Le Mali, classé 188e sur 193 pays selon l’Indice de Développement Humain 2022, est confronté à une combinaison de vulnérabilités : instabilité politique, dégradation environnementale, pauvreté endémique, faible gouvernance, et surtout, une résilience limitée face aux aléas climatiques.
Des communes sous tension et en mutation
Cinq communes de la région de Mopti – Fatoma, Konna, Mopti Urbaine, Sio et Socoura – ont été au centre de cette étude de terrain. L’analyse a permis de quantifier les pertes et dommages, aussi bien économiques que non économiques, subis par les populations locales, tout en identifiant les facteurs déclencheurs des migrations et déplacements internes.
Mohamed Sissoko, conseiller technique chargé du changement climatique à DCA Mali, souligne que l’étude a permis de mettre en lumière l’ampleur de la vulnérabilité des communautés : «Ce projet mis en œuvre en 2024 a évalué les stratégies d’adaptation développées par les populations, et a identifié des pistes de solutions concrètes, ancrées dans les réalités locales.»
Changements lents, chocs extrêmes : un cocktail de risques

Le rapport met en évidence deux types d’impacts : les événements climatiques extrêmes (inondations, canicules) et les phénomènes à évolution lente, comme la dégradation des sols et l’érosion de la biodiversité. À Mopti, la terre devient de plus en plus pauvre, rendant les activités agricoles, piscicoles et pastorales extrêmement vulnérables.
«Aujourd’hui, la biodiversité n’est plus ce qu’elle était il y a dix ans», alerte Mohamed Sissoko. Selon lui, au-delà des constats, le rapport propose des solutions concrètes visant à renforcer la paix, améliorer les moyens de subsistance et prévenir les conflits liés à l’accès aux ressources naturelles.
Un appel à l’action pour une résilience inclusive
Face à ces défis croisés, les ONG partenaires appellent à une mise en œuvre urgente de mesures de résilience : amélioration des conditions de vie, renforcement de la santé communautaire, prévention des conflits autour des ressources, et surtout, inclusion des savoirs locaux dans les réponses au changement climatique.
Ce rapport se veut un outil de plaidoyer, mais aussi un guide pour des actions concrètes à l’échelle locale et nationale. Car si les effets du climat ne connaissent pas de frontières, les réponses, elles, doivent s’ancrer dans les territoires, en tenant compte des dynamiques sociales, politiques et environnementales propres à chaque région.
Aissetou Cissé
ÉchosMédias