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Depuis quelques semaines, les gros titres sur l’or malien sont alarmistes : «chute de la production», «fuite des investisseurs», «perte de recettes». Ce narratif n’est pas nouveau : à chaque fois qu’un pays africain ose réformer son code minier pour obtenir une part plus juste de ses richesses, on lui prédit la catastrophe…

Cette théorie de la peur vise un seul objectif : maintenir le statu quo et préserver les intérêts des compagnies minières internationales. Or, au XXIᵉ siècle, ce statu quo n’est plus acceptable.

Rompre avec l’héritage colonialPendant l’époque coloniale, les ressources minières africaines ont été extraites pour enrichir les métropoles, presque sans retour pour les populations locales.

Plus de Soixante ans après les indépendances, persister dans ce modèle, c’est perpétuer l’injustice. Les Africains ont le droit ,tout comme n’importe quel pays , de revendiquer une part équitable de la valeur générée dans leurs territoires.

Réformes : un coût immédiat, des gains différésIl est incontestable que les réformes exigent des sacrifices à court terme : litiges, ralentissements, baisse de production.

Mais évaluer une réforme uniquement sur ces effets immédiats, c’est se priver de la vision stratégique.

Lettre à grand-père : Il y a pénurie de sens !• Court terme (0–2 ans) : tensions, baisse provisoire de la production ou des recettes.• Moyen terme (3–5 ans) : hausse de la captation étatique, insertion locale accrue.• Long terme (6–15 ans) : transformation structurelle notamment industrialisation, diversification, redistribution durable.

Des exemples internationaux qui parlentBotswana : le diamant transformé en richesse nationale :

– Le secteur diamantifère fournit jusqu’à 80 % des exportations nationales et contribue à environ un tiers des recettes publiques.

– Le gouvernement détient 50 % de la coentreprise Debswana, garantissant dividendes et redevances.

– Le pays a investi massivement dans l’éducation et la santé grâce à ces revenus, constituant aussi un fonds souverain (« Pula Fund »).Tanzanie – vers un partage plus équitable :

– Approche de « partage équitable » avec redevances de 3 à 5 % et une participation accrue de l’État.

Mali – un secteur aurifère clé :

– En 2025, la production industrielle a chuté de 32 % (26,2 tonnes contre 38,5 en 2023).

– Objectif officiel de 54,7 tonnes devenu hors d’atteinte.

– Le Mali vise 750 milliards FCFA (≈ 1,2 milliard USD) de recettes sous le nouveau cadre minier.

Un narratif conscient et mobilisateur

Les réformes minières en Afrique ne doivent plus être évaluées à l’aune du court terme, mais selon leurs effets à moyen et long terme.

Le discours alarmiste («baisse de production», «climat d’affaires dégradé») est une stratégie de dissuasion pour préserver les intérêts externes.

Or, l’Afrique doit assumer que la souveraineté a un coût immédiat, mais qu’elle est la seule voie vers la prospérité durable.

Conclusion

L’Afrique a le droit de demander davantage : non pas par ressentiment, mais par justice et par souveraineté. Ce qu’il faut combattre, ce n’est pas la réforme, mais son isolement.

La clé réside dans une coalition des pays miniers africains, fixant des normes minimales et une posture collective.

C’est à cette condition que les réformes minières deviendront le levier d’un véritable développement durable pour les générations futures.

Annexe : Comparatif de la part des revenus miniers captés par l’ÉtatPaysSecteur minier dominant

Part des revenus captés par l’ÉtatBotswana

Diamants 50 % coentreprise + redevances (jusqu’à 85 % des profits selon accords)

MaliOr 20–25 % (avant réforme), objectif supérieur à 30 % avec nouveau codeTanzanie

Or, pierres précieuses3–5 % redevances + partage des bénéfices

ChiliCuivre 30–35 % (taxes + royalties + dividendes Codelco)

IndonésieNickelÉtat impose la transformation locale + taxes, captant 40 % et plus à travers BUMNH. Niang

Source : Malijet

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