
Aux premières heures de l’indépendance, le Mali sous la direction visionnaire de Modibo Keïta s’était lancé dans une aventure audacieuse, bâtir un État souverain, digne, et résolument tourné vers la maîtrise de ses propres ressources humaines. L’une des preuves éclatantes de cette ambition fut la création de la compagnie aérienne nationale Air Mali, symbole du souffle nouveau d’un pays debout…
Une anecdote révélatrice en dit long sur la grandeur de cette époque. Lors d’une escale à Abidjan, un appareil d’Air Mali tomba en panne. La direction, avec sang-froid et compétence, dépêcha depuis Bamako une équipe entièrement composée de techniciens maliens.

À leur arrivée à l’aéroport, les Ivoiriens, curieux et sceptiques, lancèrent en argot: Comment Noir peut recoller avion ?
La suite fut une leçon de dignité et de savoir-faire.
Les techniciens maliens réparèrent l’avion sous les yeux ébahis des observateurs, qui finirent par saluer l’expertise d’un peuple que beaucoup croyaient condamné à l’assistanat.
Ce n’était pas un fait isolé, mais l’expression d’une vision politique claire, former les Maliens à tous les métiers, briser les chaînes mentales héritées de la colonisation, et prouver au monde que l’Afrique peut marcher sur ses deux pieds.
Sous Modibo Keïta, le Mali ne quémandait pas, il construisait. Il n’imitait pas, il innovait.
Il ne s’agenouillait pas, il se relevait. Cette anecdote, au-delà du fait technique, illustre un Mali conquérant, fier, producteur de compétences et porteur d’une ambition panafricaine.
Dans ce moment où notre continent cherche encore ses repères, il est bon de se souvenir que notre force réside d’abord dans la confiance en nous-mêmes. L’héritage de Modibo Keïta n’est pas un souvenir nostalgique, c’est une boussole. À nous d’en faire un moteur de résurrection.
Source : Le Poing
