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Dans cet entretien, Dr. Mohamed Amara, sociologue, analyste politique et sécuritaire au Sahel revient sur les raisons de la brouille diplomatique entre Alger et Bamako et ses ramifications géopolitiques. Entretien.

Mali Tribune : Quelle interprétation faut-il donner à cette brouille diplomatique entre Alger et Bamako?

Dr. Mohamed Amara : Disons que l’Algérie est notre plus grand voisin. C’est aussi le plus grand pays de la région d’un point de vue militaire, économique ; elle est aussi le chef de file de la médiation de l’Accord pour la paix et la réconciliation. De ce point de vue, depuis la chute du guide libyen, Mouammar Kadhafi en 2011, l’Algérie tente d’occuper une place de leadership dans la région. De plus en plus, elle se veut un acteur incontournable dans les résolutions de crises.

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Mali Tribune : Que révèle cette brouille diplomatique selon vous ?
Dr. M. A. : A l’ origine de cette brouille, il y a l’invitation de l’imam Mahmoud Dicko par les autorités algériennes pour ramener à la table de négociations les autorités maliennes et le CSP-PSD (ancienne CMA). Une invitation qui est considérée par les autorités maliennes comme une ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Ceci dit, cette tension est révélatrice des difficultés de compréhension entre l’Algérie et le Mali autour de la question de Kidal depuis les années 2000. Elle dit quelque chose de la porosité des frontières entre les deux pays, devenues des passoires de tout genre : terrorisme, trafic, etc. Enfin, cette tension est révélatrice des compétitions géopolitiques à l’œuvre dans le septentrion de notre pays.
Mali Tribune : Jusqu’à quel point cette querelle peut-elle s’étendre entre les deux grands voisins ?
Dr. M. A. : Si rien n’est fait, cette crise peut aller loin, c’est-à-dire à ce que personne ne souhaite.
Le risque d’escalade entre les deux pays n’est pas à exclure. Mais, on peut espérer que la lucidité des autorités des deux pays l’emportera sur la passion. D’autant que les rapports de force entre les deux pays sont déséquilibrés. La solution pourrait venir d’un acteur incontournable, la Russie, proche militairement de l’Algérie et du Mali. Géopolitiquement, ce serait inintéressant pour la Russie de devoir gérer une crise entre ses deux partenaires.
Mali Tribune : La visite du chef de la diplomatie malienne au Maroc peut-elle contribuer à apaiser cette crise diplomatique ?
Dr. M. A. : La visite du chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop au Maroc est loin de calmer le jeu pour moi. Au contraire, elle risque d’envenimer la situation. N’oublions pas que les relations entre le Maroc et l’Algérie sont tendues à cause du Sahara occidental. Donc, la visite de M. Diop au Maroc en plein contexte de crise diplomatique pourrait être perçue par les Algériens comme une provocation des autorités maliennes à leur endroit.
Mali Tribune : Cette attitude d’Alger ne laisse-t-elle pas suggérer que le Mali est sa chasse gardée, et qu’il doit à ce titre être gouverné selon la ‘pax algeriana’, en excluant tous les autres ?
Dr. M. A. : Non. Il me semble que l’Algérie tente de prendre une place vide dans le Sahel, celle du leadership régional après le départ de la France, les forces onusiennes. C’est aussi dans l’intérêt de l’Algérie de stabiliser ses frontières, notamment celle avec le Mali. Certes, il y a un rêve hégémonique de l’Algérie dans la région. Mais, l’Algérie n’a pas intérêt à ouvrir un front avec un de ses plus gros voisins, le Mali.
Source : Mali Tribune

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