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“Des dispositions urgentes seront prises afin que notre pays tire le meilleur avantage et que les impacts négatifs soient minorés…”

Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga accompagné des membres du gouvernement a échangé le mercredi 31 janvier au Centre international de conférences avec les organisations professionnelles et faitières du secteur privé malien notamment le retrait de notre pays de l’Accord issu du processus d’Alger mais aussi de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Ils ont massivement répondu à l’invitation du Premier ministre, ils se sont entre autres des opérateurs économiques et industriels avec à leur tête le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) Mandjou Simpara, du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) Mossadeck Bally et celui de l’Organisation patronale des Industriels (OPI).

Pour le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga cette rencontre se situe dans le cadre du dialogue permanent et dynamique que les autorités entretiennent avec le secteur privé et s’inscrit également dans le prolongement de l’obligation de reddition des comptes dont ils se sont investis en tant que Gouvernement.
Sur le premier point, à savoir la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 issu du processus d’Alger, le Premier ministre a révélé que le gouvernement du Mali, après un long et lourd investissement politique et financier ; après une patience à toute épreuve qui aura duré près de neuf (9) ans pour un accord censé se clôturer en deux (2) ans, a dû constater le 25 janvier 2024, à son corps défendant, l’inapplicabilité de l’Accord pour, enfin, déclarer sa caducité.
Pour le Premier ministre, cette décision du gouvernement du Mali, sous la très haute conduite du Colonel Assimi Goïta, président de la Transition, Chef de l’Etat, est une décision responsable et hautement patriotique.
“Elle découle de plusieurs constats : D’abord, celui de la mauvaise foi manifeste des mouvements signataires de l’Accord, qui s’en sont écartés et éloignés depuis fort longtemps, rendant ainsi sa mise en œuvre quasi-impossible. En effet, ils se sont négativement illustrés, à travers des actes de provocation et de belligérance, comme cela a été constaté pendant tout le processus de retrait de la MINUSMA des emprises que les forces des Nations Unies occupaient dans le Nord de notre pays, et leur réoccupation par nos braves forces armées et de sécurité dont je salue le courage et la bravoure. L’occupation des emprises laissées vacantes par la MINUSMA revenait de droit aux FAMAs, et uniquement à elles, conformément à la résolution 2690 du Conseil de sécurité”, a expliqué le chef du gouvernement.
L’Algérie et les mouvements signataires en cause
Selon lui, la décision du gouvernement par rapport au défunt Accord est aussi la conséquence logique du comportement de la République sœur d’Algérie, Chef de file de la médiation internationale, qui a sapé sa crédibilité et son autorité de médiateur impartial dans la gestion d’une série d’actes dont les plus récents sont : “L’accueil sans concertation ou notification préalable et au plus haut sommet de l’Etat algérien de citoyens maliens subversifs et de citoyens maliens poursuivis par la justice de notre pays, pour actes de terrorisme ; l’existence sur le territoire algérien de bureaux assurant la représentation de certains groupes signataires du défunt Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, devenus aujourd’hui des acteurs terroristes. Depuis ces bureaux, ils agissent à visage découvert contre la sécurité nationale du Mali en toute impunité ; la volonté des autorités Algériennes de vouloir maintenir le régime de sanctions des Nations Unies concernant le Mali, au moment où le Mouvement des non-Alignés et la Fédération de Russie s’y opposaient dans l’intérêt supérieur du Mali qui a demandé et obtenu de l’ONU la fin dudit régime de sanctions”. Avant d’évoquer aussi “l’incapacité du médiateur, à savoir l’Algérie à faire respecter par les mouvements signataires de l’Accord leurs obligations au titre dudit Accord, alors même que ces derniers ont clairement démontré qu’ils n’appliquaient plus de bonne foi l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, conduisant ainsi à son enlisement, faute d’un réel engagement pour la mise en œuvre de ses dispositions portant notamment sur les questions de défense et de sécurité.”
Pour le chef du gouvernement, ces différents agissements et manquements ont pris la forme ces dernières semaines d’ingérence intolérable dans les affaires intérieures du Mali et d’actes aussi hostiles qu’inamicaux, incompatibles avec les usages diplomatiques et avec l’esprit des relations de fraternité et de bon voisinage.
“Enfin, ces agissements du Gouvernement algérien sont en violation de l’article 34 de la Constitution du Mali, qui dispose que l’action publique en République du Mali est guidée par trois principes clés, à savoir : le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix de partenariat et des choix stratégiques opérés par le Mali, la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien dans toutes les décisions” a-t-il rappelé ; ajoutant au passage que le dernier épisode de la longue liste des actes hostiles et inamicaux de l’Algérie est venu de Kampala, la capitale de l’Ouganda, où se tenait le sommet du Mouvement des non-alignés.
“C’est avec stupéfaction que le Mali a découvert un paragraphe qui lui est consacré, ne reflétant ni ses intérêts, ni la situation actuelle concernant le processus de paix. Face à la démarche de la délégation malienne à la réunion ministérielle aux fins d’actualiser le passage en question pour prendre en compte la réalité des faits, notamment la fin du régime de sanctions des Nations Unies, nous nous sommes heurtés à des manœuvres qui ne trompent personne de la part de notre frère et voisin, pendant que les autres pays du Mouvement des non-alignés, y compris la Russie, se sont montrés solidaires de la position du Mali”, a déploré le chef du gouvernement soutenant que l’Algérie est sortie de son rôle de médiateur.
“Nous lui avons exprimé notre désapprobation et en avons tiré les conséquences de droit par rapport à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Plus tard, nous avons également suivi la réaction du Gouvernement algérien. Une réaction teintée de déni de réalité et, surtout, de mépris pour notre pays comme chacun a pu le constater”, a révélé le chef du gouvernement.
“Pour notre part, nous somme lucides, et nous faisons la distinction entre les errements actuels du Gouvernement algérien et les liens séculaires d’amitié, de fraternité et de bon voisinage qui lient les peuples frères malien et algérien. Il s’agit là de liens inaltérables pour le maintien et le renforcement desquels le Mali et son peuple ne seront jamais pris à défaut. Nous avons toujours prôné une mise en œuvre intelligente de l’Accord et son appropriation par les Maliens. C’est désormais chose faite, avec la décision du Président de la Transition, Chef de l’État, qui a annoncé le 31 décembre 2023 dans son discours à la Nation, la tenue prochaine d’un dialogue direct Inter-Maliens, destiné à asseoir une appropriation nationale du processus de paix” a déclaré Choguel Kokalla Maïga précisant aussi que le président de la Transition a mis en place le Comité de pilotage chargé de la préparation et de l’organisation du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Ce comité poursuivra-t-il travaillera conformément aux hautes orientations du Chef de l’État qui a initié le dialogue direct inter-Maliens afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires.
Manque de solidarité
de la CEDEAO
Pour ce qui est de la décision de retrait des trois 3 États respectifs, le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger de la CEDEAO, le Premier ministre a regretté un manque de solidarité de l’organisation sous régionale face aux défis auxquels ils sont confrontés : “Vous le savez tous, les organisations inter gouvernementales et les organisations régionales sont basées, de prime abord, sur le principe de solidarité, sur la mise en commun des moyens afin de réaliser des buts communs, des objectifs partagés.
Face à nos trois États, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), et qui sont confrontés en première ligne au terrorisme depuis une décennie, la CEDEAO, notre désormais ancienne organisation commune, a brillé par son manque d’empathie, de solidarité et de vision stratégique.”
Progressivement, la CEDEAO est devenue selon lui une menace pour nos pays car son dessein lugubre consistait clairement à mettre à genoux nos pays, à susciter des remous socio-politiques, à provoquer des changements politiques, bref l’effondrement de nos États, pour satisfaire les intérêts de puissances étrangères, de puissances extra-communautaires et extra-africaines connues comme étant des sponsors notoires du terrorisme au Sahel.
“Nous en détenons les preuves, c’est pourquoi nous avons demandé depuis bientôt deux ans au Conseil de sécurité des Nations Unies d’organiser une réunion spéciale sur la question. Très serein, nous attendons toujours que l’ONU se saisisse de la question, elle qui a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales dans le monde.
La CEDEAO est une organisation d’intégration et de coopération économique créée entre nos États en 1975. J’ai l’habitude de dire que le Mali est à la base de la création de la CEDEAO, au nom de l’idéal de l’intégration et du panafricanisme. Hélas, elle s’est éloignée de ce noble idéal pour se complaire dans des actions politiques coercitives, avec très souvent un double standard. En effet, tantôt elle ferme les yeux sur les tripatouillages constitutionnels qui sont des véritables coups d’état civils pour se montrer intransigeante face aux coups d’État dits militaires”, a-t-il déploré.
Choguel a aussi exprimé sa désapprobation sur le fait que l’organisation sous régionale sème les germes de conflits post-électoraux par son inertie devant les violations des principes de bonne gouvernance pour s’ériger subitement en chantre de la démocratie exigeant, urbi et orbi, le retour à l’ordre constitutionnel, réduisant ainsi les transitions politiques en simples processus électoraux, sans aucune valeur ajoutée pour la consolidation de la démocratie et pour la refondation de l’État.
“Pire, la CEDEAO, par son recours abusif aux sanctions a posé elle-même, le principe de l’exclusion tacite de nos États. En effet, la CEDEAO a très peu écouté nos États confrontés à des crises existentielles telles que le terrorisme. Elle se réunit sans nous sur des ordres du jour portant sur nos pays respectifs en transition. Elle fait mine de dialoguer en dépêchant des médiateurs, mais finalement, elle passe outre, selon un schéma préétabli et un mode d’emploi standard inadapté appliqué à tous, sans tenir compte de la spécificité de chaque pays”, a ajouté le chef du gouvernement.
Des actes inamicaux
C’est l’accumulation d’actes inamicaux posés par la CEDEAO qui a rendu inévitable selon Choguel Kokalla Maïga le retrait des États qui subissaient au quotidien l’injustice, l’acharnement et l’hostilité d’une organisation à l’avènement de laquelle ils ont contribué. “Face à la situation sus-dessus évoquée, Leurs Excellences, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, respectivement Chefs d’État du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, ont décidé en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Cette décision, mûrement réfléchie et prise en toute responsabilité, se justifie par les dérives qui, chaque jour, ont conduit un peu plus l’Organisation à s’éloigner des idéaux de ses pères fondateurs et du Panafricanisme qui est notre boussole ici au Mali”, a martelé le chef du gouvernement.
Il a salué la contribution exceptionnelle des opérateurs économiques maliens, tous secteurs confondus, qui n’ont ménagé aucun effort pendant l’embargo injuste de la CEDEAO afin que les Maliennes et les Maliens ne manquent de rien. “Si notre pays a pu tenir, c’est grâce à vous. Si notre pays continue à être résilient, c’est aussi grâce au dynamisme et à l’engagement de son secteur privé. Je vous invite à renforcer votre engagement qui n’a jamais fait défaut, pour la relance de notre économique, et à rester aux côtés des Autorités qui œuvrent inlassablement pour la restauration de l’honneur et de la dignité de notre peuple, pour l’indépendance et la souveraineté de notre pays. D’ores et déjà, nous devrions restés sereins et avoir confiance en l’avenir. Nous devrions avoir confiance en nos forces et dans les capacités agrégées des trois pays regroupés au sein de l’alliance des Etats du sahel”, a souhaité Choguel Kokalla Maïga. Il a aussi précisé que les trois pays restent membres de l’UEMOA pour le moment et bénéficient donc de la liberté de circulation au sein de cet espace, l’accès à la mer reste donc valable à travers la RCI et le Sénégal.
“La Mauritanie reste aussi pour notre pays un passage possible pour nos marchandises, un accord bilatéral pourra voir le jour”, a-t-il révélé.
Les avantages de la
sortie de la CEDEAO
Pour le Premier ministre la sortie du Mali la CEDEAO permettra à notre pays de définir les politiques commerciales optimales et plus avantageuses, d’avoir la liberté de prendre certaines décisions politiques et économiques, de nouer et signer des accords avec d’autres pays ou organisations sous régionales ou internationales et sera l’occasion pour les trois pays de l’AES de mutualiser leurs intelligences et ressources. Notamment identifier et gérer les barrières non tarifaires, alléger les barrières tarifaires, faciliter les transactions économiques et commerciales pour les opérations d’exportation-importation. “Ce travail de mutualisation de nos opportunités reviendra à nos trois États.
Restons confiants en nous et gardons à l’esprit que personne ne viendra faire nos pays à notre place. Toutes les grandes nations se sont construites dans la douleur. Nous sommes à cette étape de notre nation. Nous gagnerons cette bataille de souveraineté in shan Allah avec l’engagement de toutes et de tous. Je voudrais terminer en vous rassurant que le Gouvernement prend la pleine mesure de la situation et des préoccupations de nos compatriotes, en particulier des opérateurs économiques, face à la décision de retrait de la CEDEAO…Des dispositions urgentes seront prises afin que notre pays tire le meilleur avantage de cette situation et que ses impacts négatifs soient minorés dans l’intérêt des populations et des acteurs économiques”, a conclu le chef du gouvernement.
Bien avant ces explications du chef du gouvernement, le ministre de l’Industrie et du commerce Moussa Alassane Diallo a tenu à rassurer le secteur privé sur la portée de cette décision du Mali de quitter l’organisation sous régionale car selon lui elle s’inscrit dans le cadre des trois principes de notre Etat, à savoir, le respect de la souveraineté, le respect des choix stratégiques, la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien.
“Nous pouvons dire après la souveraineté territoriale, sécuritaire et diplomatique, maintenant place à la souveraineté économique qui vient d’être sauvée. Les économiques, les experts, les universitaires vont faire des propositions par rapport à cette décision c’est important mais nous gouvernement et économique ce qui nous est demandé, c’est l’opérationnalisation et la mise en œuvre de cette décision”, a conseillé le ministre de l’Industrie et du commerce.
Rappelant au passage que la CEDEAO avait exclu dans un passé récent le Mali de toutes ces instances avec l’embargo économique, commercial, monétaire terrestre, aérien. “Il faut que nous ayons confiance en notre peuple, en nos gouvernements, le Mali va faire de cette sortie de la CEDEAO un point de compétitivité et de rentabilité pour notre économie”, a promis Moussa Alassane Diallo. Aussi, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali Mandjou Simpara s’est réjoui de la promptitude du gouvernement à expliquer le bien-fondé de ce retrait au secteur privé.
“Nous allons voir ensemble s’il y a des difficultés par rapport à cette décision pour y faire face avec les services techniques comme les Douanes, le commerce et la concurrence. Je demande à tous les opérateurs économiques, les industriels de se donner la main pour la bonne opérationnalisation de cette décision pour notre pays”, s’est adressé Mandjou Simpara aux opérateurs économiques et industriels.
Pour le président du CNPM, Mossadeck Bally en tant qu’acteur de l’économie malienne, le secteur privé prend acte de cette décision politique et présume que les décideurs politiques ont déjà bien analysé les enjeux, les conséquences économiques et les avantages que notre pays et ses populations pourraient en tirer.
Il a aussi déclaré que les groupements professionnels membres du CNPM ont commencé à remonter à leurs faitières leurs préoccupations et suggestions.
Kassoum Théra

Source : Aujourd’hui-Mali

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