0 0
Read Time:14 Minute, 14 Second

Les épreuves de fin d’année du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) débutent ce lundi 3 juin 2024 au Mali et dans le camp des réfugiés maliens en Mauritanie. Cette année, ils sont 349 080 candidats dont 293 223 postulants qui font les épreuves en français  et 55 857 candidats en arabe. Ceux qui sont dans le camp de réfugiés en Mauritanie sont au nombre de 162…

Pour cet examen, 27 926 surveillants sont mobilisés et sont répartis entre 2 106 centres sur toute l’étendue du territoire nationale du Mali plus la Mauritanie. Ces informations ont été fournies par le Directeur du Centre National des Examens et Concours de l’Education, Mahamadou Kéita,  dans l’interview qu’il nous a accordée. A l’occasion, il a  rappelé aux candidats, surveillants et  parents d’élèves à respecter à la lettre les consignes données par les autorités en charge de l’organisation des examens pour éviter les cas de fraudes  et les fuites de sujets. « Pas de téléphone permis dans le cadre. Ceci concerne les candidats et les surveillants. Seuls le chef de centre et son adjoint sont autorisés à être avec le téléphone. Il ne sera accordé une permission temporaire à l’élève que lorsqu’on épuise la moitié du temps pour lequel l’épreuve est prévue. Les sorties intempestives sont interdites. Toutes personnes qui se rendraient coupables de création de groupes sur les réseaux sociaux, vont tomber sous le coup de la  loi sur la Cybercriminalité. En collaboration avec le Procureur du Pôle de Lutte Contre la Cybercriminalité, il est prévu de mettre tout ça en branle pour éviter à ce qu’il y ait la fraude pendant le déroulement des examens. C’est valable pour le DEF comme tous les autres examens qui viennent. Des gens risquent de se trouver en prison, parce qu’ils n’auront pas suivi les consignes. Et ceci est valable non seulement pour les parents d’élèves, mais aussi pour le personnel encadrant», prévient avec insistance, Mahamadou Kéita. Lisez l’interview !

Le Républicain : Bonjour Monsieur. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mahamadou Kéita: Je m’appelle Mahamadou Kéita, Directeur du Centre National des Examens et Concours de l’Education.

Dans quelques jours, les examens de fin d’année 2023-2024  du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) vont débuter au Mali. Où est-ce que vous en êtes par rapport aux préparatifs?

A la date d’aujourd’hui, nous sommes fin prêts pour passer ces épreuves. Les examens de fin d’année ont déjà démarré depuis le 17 mai dernier avec les travaux pratiques anticipés du Certificat d’ Aptitude Professionnel (CAP) et avec l’épreuve anticipée de l’Education Physique et Sportive (EPS). Nous continuons dans cette dynamique. Lundi dernier, les épreuves  écrites du CAP ont démarré et elles prennent fin ce jeudi 30 mai 2024. Le DEF prend le relais à partir du lundi pour trois jours. Au moment où je vous parle, les conditions matérielles sont réunies afin que les enfants puissent passer cet examen dans les conditions les meilleures. Partout au Mali, le matériel est déjà sur place, les confidentielles sont sur place, et les décisions portant supervision de cet examen sont déjà disponibles. Les décisions portant des centres et surveillants de cet examen sont disponibles au niveau des académies. Chaque académie a déjà fait son travail. Je peux vous dire donc que tout est en place pour que nous puissions vraiment passer nos examens.

Est-ce qu’on peut connaître le nombre de candidats prenant part au DEF cette année ?

Cette année, nous présentons 349 080 candidats au DEF. Cet effectif est reparti en deux groupes. Il y a le premier groupe qui concerne le DEF classique, c’est-à-dire ceux qui font uniquement en français qui sont au nombre de 293 223. Et il y a le second groupe qu’on appelle le DEF Arabe. Ils sont au nombre de 55 857 candidats.

Combien de centres et de surveillants sont retenus pour la circonstance ?

Aujourd’hui, pour cet examen, nous avons mobilisé 27 926 surveillants qui seront répartis entre 2 106 centres sur toute l’étendue du territoire nationale du Mali plus la Mauritanie. Nous avons des candidats qui se trouvent dans le Camp de réfugiés maliens en Mauritanie.

Qu’en est-il du  cas des candidats réfugiés dans les pays limitrophes du Mali ?

Ils sont pris en compte ; ils vont composer en Mauritanie dans les épreuves comme les enfants qui sont à l’intérieur du pays.

A ce jour, les candidats au DEF se trouvent en Mauritanie seulement ?

Aujourd’hui, nous n’avons que les candidats en Mauritanie. Et l’équipe de supervision qui doit faire ce travail est arrivée en Mauritanie depuis mardi. Leur effectif total est de 162 candidats.

Est-ce qu’à la veille du démarrage des épreuves du DEF, vous avez senti une nette amélioration du nombre d’écoles fermées sur le territoire nationale ?

En fait, peut-être que c’est la Direction nationale de l’enseignement fondamental qui est la mieux placée pour répondre à cette question. Mais, je sais quand même que pour ce qui concerne les candidats qui sont dans les zones d’insécurité, toutes les dispositions sont prises afin de les déplacer vers les zones sécurisées pour qu’ils puissent composer. Déjà, le dimanche prochain, ils seront tous dans les centres sécurisés. Et à la fin des épreuves le mercredi, les dispositions sont encore prises le jeudi pour assurer leur retour dans leurs zones d’origine. Tous les candidats au DEF, que ça soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, vont composer sans exception. Ceux qui sont dans les zones d’insécurité, les dispositions sont prises pour qu’ils soient déplacés dans les zones sécurisées afin qu’ils puissent bénéficier de leur droit à l’éducation.

Pour sécuriser les épreuves du DEF,  qu’avez-vous préconisé pour relever le défi ?

Il a été demandé à toutes les académies, à toutes les structures déconcentrées de rentrer en contact avec les forces de défense et de sécurité de leurs circonscriptions respectives pour prendre des dispositions qui s’imposent afin d’assurer une couverture sécuritaire sans faille de ces épreuves.

Les fuites de sujets et la fraude sont très souvent les mots entendus par les citoyens lors des examens de fin d’année au Mali.  Quelles dispositions avez-vous prises cette année pour minimiser ces fléaux comme ce fut le cas lors des deux dernières années ?

Effectivement, ces deux dernières années, nous avons mis en place un dispositif qui nous permettait de contrer toutes ces velléités, toutes ces tentatives de fraudes, de faux sujets. Parce que de plus en plus, nous sommes parvenus à sécuriser les sujets. Les sujets, ça fait deux ans qu’ils ne sont pas sur place publique avant le jour J. Mais, la difficulté, c’était pendant le déroulement. Les gens parvenaient à tromper la vigilance des surveillants pour entrer avec leurs téléphones dans les salles d’examens, faire la photo du sujet, faire sortir, etc. Vous avez peut être suivi le mardi passé, sur les réseaux, le Ministre de l’éducation nationale a fait un communiqué dans lequel il dit que toutes les personnes (candidats, maîtres et autres)  qui se rendraient coupables de création de groupes sur les réseaux sociaux, vont tomber sous le coup de la  loi sur la Cybercriminalité. Là, c’est une avancée extraordinaire. Parce que les gens ne s’attendaient pas à cela. En collaboration avec le Procureur du Pôle de Lutte Contre la Cybercriminalité, il est prévu de mettre tout cela en branle pour éviter à ce qu’il y ait la fraude pendant le déroulement des examens. C’est valable pour le DEF comme tous les autres examens qui viennent.

Permettez-moi de revenir un peu sur la décision qui porte sur la police de surveillance et règlement  des examens au Mali. Il y a trois dispositions qui sont dans cette décision qui sont très pertinentes. Concernant la première, il est dit qu’il doit être procédé à une fouille corporelle des candidats tout en respectant leur dignité  humaine à l’entrée du centre. Nous avons des hommes et des femmes dans chaque centre. Les hommes vont fouiller les hommes, les femmes vont contrôler les femmes. Pour savoir s’ils ont ou pas sur eux soit un téléphone portable ou  tout autre gadget qui puisse leur permettre de communiquer avec l’extérieur. Là, c’est très important. Il faut donc que ça soit clair et net pour tout le monde (les parents d’élèves, les candidats, les surveillants), le téléphone est interdit dans le centre, pas dans la salle, mais le centre. Nous conseillons donc aux parents d’élèves de demander à leurs enfants de laisser leurs téléphones à la maison. C’est le temps d’une matinée. Ils peuvent se passer du téléphone.  Toute personne qui viendrait avec  le téléphone au centre est d’office exclue. Tu n’auras pas accès au centre avec le téléphone. Et si ton téléphone se perd, c’est ton problème. Je le dis parce qu’il y a beaucoup de choses  qui tournent autour de ça.

L’autre élément important c’est quoi ? Désormais, il ne sera accordé une permission temporaire à l’élève que lorsqu’on épuise la moitié du temps pour lequel l’épreuve est prévue. Autrement dit, s’il y a une épreuve qui est prévue pour quatre heures de temps, de 8h à 12h, ce n’est qu’à 10h qu’un élève peut bénéficier d’une permission pour sortir aller faire ses besoins, pas avant. Parce qu’on a remarqué  dans un passé récent aussi qu’une fois qu’il rentre, il sort avec le sujet. Il dit : «  je vais à la toilette ». Entre temps, il sort avec le sujet. Il va déposer le sujet à la toilette ou quelque part. Quelqu’un d’autre vient prendre ce sujet, et va le traiter. Trente minutes après, il sort encore pour aller récupérer cette fois-ci le corrigé puis venir.

La troisième chose, c’est qu’il est formellement interdit les sorties intempestives. Ça veut dire quoi ? Quand tu sors à 10h, tu rentres, tu ne sortiras qu’à midi. Donc jusqu’à la fin de l’épreuve, pas de sorties intempestives des candidats. Parce que les gens nous disent que c’est des enfants. Je dis non ! Il faut qu’on soit clair. Nos enfants peuvent regarder un match Barça/Real Madrid pendant près de trois heures de temps, ils ne bougent pas (temps règlementaire, prolongation, tirs aux buts, les temps des pauses).  S’ils peuvent faire ça, ils peuvent faire deux heures de temps sans bouger. Parce qu’il s’agit de leur avenir, mais aussi de l’avenir du pays et de l’image du pays. Nous ne pouvons pas laisser les enfants faire ce qu’ils veulent pendant les examens. Et toutes les personnes qui seront prises dans les situations pas correctes, parce que nous assimilons tout cela à du sabotage comme le ministre l’a dit dans son communiqué, seront directement remises au Procureur du Pôle de Lutte Contre la Cybercriminalité. Ce sont des criminelles, parce qu’elles ternissent l’image du pays, elles portent un discrédit sur nos évaluations, elles font en sorte que nos enfants soient distraits, déconcentrés. Nous allons lutter contre ces actes de sabotages jusqu’à la fin des examens.

Actuellement à Bamako, nous assistons à une coupure intempestive d’électricité. Est-ce que des dispositions sont prises pour faire face à cette situation pour que les sujets de l’examen soient tirés à temps ?

Tous les sujets sont tirés et sont déjà sur place. Ça c’est fini. Les sujets sont dans les centres. Les sujets sont déjà  à Kidal, à Aguelhok, à Ménaka, à Bourem, à Rharous, etc. On a fini avec ça.

Quels sont vos objectifs cette année pour la réussite des examens ?

L’objectif d’abord, le ministre l’a dit aussi dans son communiqué, c’est que tous les enfants bénéficient des conditions équitables de compétition. On ne veut pas qu’on ait un examen à deux vitesses ou certains sont avantagés par rapport à d’autres. L’autre objectif est que ceux qui vont être admis pendant ces examens, que ce soit des gens qui puissent terminer leurs études. Parce qu’il y a une conséquence dans la fraude. C’est que quand les enfants passent par la fraude au Bac, il leur est difficile de tenir les études supérieures. Quand les enfants passent par la fraude au DEF, il leur est difficile de tenir l’enseignement secondaire. L’objectif donc est que ceux qui vont passer au DEF, on va alimenter l’enseignement secondaire avec eux pour qu’ils continuent les études jusqu’au bout. Et pour le Bac, ceux qui seront admis aussi, on fera en sorte qu’ils continuent aussi leurs études supérieures sans problème. Le troisième objectif est qu’à travers ces examens, on arrive à un niveau ou les examens seront cités en référence. Je ne vous apprends rien, l’année dernière, un pays voisin a pris l’exemple sur le Mali, parce qu’on a mis des codes dans nos sujets. Quand tu prends un sujet, on te dit c’est telle académie, c’est tel centre. C’est ce qui nous a permis de lutter vraiment contre la fuite pendant ces derniers moments. C’est très important. Et nous avons renforcé ce dispositif cette année. Parce qu’on a les de contacts de tout le monde : les chefs des centres, les surveillants. Et je le dis, il est interdit aux surveillants aussi d’amener les téléphones portables dans le centre. Seuls le chef de centre et son adjoint ont le droit d’avoir leurs téléphones portables. Le surveillant laisse le téléphone à la maison. Voilà un peu ce que nous recherchons pour qu’on aille désormais vers des examens propres et crédibles. Que ces examens soient insusceptibles  de tout discrédit, que ces examens ne soient pas critiqués avec des preuves à l’appui. Qu’on dise voilà, le Mali de plus en plus, va vers des examens crédibles qui  constituent le baromètre du sérieux que les plus hautes autorités mettent dans l’éducation. C’est cela le plus important. A un certain moment, qu’on nous envie pour ça, parce qu’on a déjà commencé à le faire. Ça veut dire que nous commençons à exporter notre façon de faire, la qualité de ce que nous sommes en train de faire. Nous voulons continuer dans ce sillage-là. Que les gens ne se rendent même pas compte qu’on est en train de faire un examen au Mali. Que les examens passent inaperçus tellement les gens sont sérieux dans ce qu’ils font ; qu’on ne sache même pas qu’il y ait examen.

Votre dernier mot à l’endroit des candidats, des parents d’élèves pour s’inscrire dans la dynamique enclenchée par les autorités dans l’organisation des examens

Aux candidats d’abord, je leur souhaite bonne chance. Mais, je leur dis surtout de ne compter que sur eux-mêmes. Nous avons eu une année scolaire normale, une année scolaire apaisée ; qu’ils ne se laissent pas distraire. C’est très important. Et tous les sujets qui leur seront donnés, ne sont pas hors de leur portée. Ce sont des sujets qui sont tirés du programme. Qu’ils soient rigoureux dans ce qu’ils vont faire, et je suis sûr et certain que nous allons atteindre les taux d’admission assez importants. Aux parents d’élèves, je leur dis de ne pas tomber sous le coup de la tentation. Ils ne rendent pas service à leurs enfants en voulant coûte que coûte les faire passer aux examens, en voulant coûte que coûte chercher les sujets pour eux, en voulant toujours entrer dans le clan de fraude dans le déroulement des examens. Et cette année, avec le communiqué du Ministre de l’éducation nationale, il faut faire beaucoup attention. Des gens risquent de se trouver en prison, parce qu’ils n’auront pas suivi les consignes. Et ceci est valable non seulement pour les parents d’élèves, mais aussi pour le personnel encadrant, car il y a certains surveillants, pendant le déroulement des examens,  qui s’adonnent aussi à des pratiques qui ne sont pas du tout orthodoxes, qui ne sont pas dignes d’un bon enseignant, qui ne sont pas digne d’un bon pédagogue. Personne n’échappera. Les gens vont dire qu’il y a une épée de Damoclès. Ce n’est pas une question d’épée de Damoclès sur la tête de qui que ce soit. On est dans une phase de refondation de notre pays. Et la refondation passe par l’école. L’école est le socle, le soubassement de cette refondation. Nous voulons jouer notre partition dans cette refondation afin qu’au moment du bilan, on dise qu’on a fait quelque chose de bon.

Réalisée par Hadama B. FOFANA




Source : Le Républicain

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post Le géant nucléaire russe Rosatom dément vouloir acheter des actifs français au Niger
Next post BRICS : le Kremlin salue l’intérêt de la Turquie pour rejoindre le groupe

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *