0 0
Read Time:7 Minute, 47 Second

’est sans doute l’une des problématiques majeures qui se pose à l’humanité en ce début du 21e siècle. Le réchauffement climatique, encore appelé dérèglement climatique ou changement climatique, – nous utilisons les trois termes de façon interchangeable pour éviter la redondance-pose de nombreux défis aux dirigeants et frappe durement certaines parties du globe notamment en Afrique.

Fort de ce constat, l’ONU a instauré depuis 1995 une conférence annuelle sur le climat dénommée la Conférence des parties, en abrégé Cop. La première Cop était donc organisée en 1995 à Berlin, Allemagne. Cependant, l’histoire de la Cop remonte en 1992.

Cette année-là, 178 pays se sont réunis à Rio de Janeiro (Brésil) lors du Sommet de la terre.Le sommet a été sanctionné par la Déclaration de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement. Dans cette déclaration, figure une convention sur le climat. L’objectif de cette convention est de « réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser l’impact humain sur le changement climatique ».

De 1995 à nos jours, une conférence annuelle est organisée sous l’égide de l’ONU. En cette année 2023, la 28e Cop se déroule à Dubaï, aux Emirats arabes unis à partir du 30 novembre.

Après avoir fait ce rappel historique, nous entrons maintenant dans le vif du sujet. Cet article visa à approfondir la réflexion sur les points suivants :- Le caractère contradictoire entre la lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique en Afrique ;- La rhétorique de la « langue de coton » des puissances occidentales sur le changement climatique ;- La recherche d’une solution endogène pour faire face au dérèglement climatique sur le continent africain.Il s’agira bien entendu d’une analyse basée sur l’observation des différentes Cop qui ont eu lieu jusque-là et en prenant l’aspect géopolitique – notamment les rapports de force – sur ce dossier. Nous ne nous posons donc pas en tant que spécialiste encore moins expert sur le changement climatique.Le caractère contradictoire entre croissance économique et lutte contre le réchauffement climatique en AfriqueLe continent africain est le moins industrialisé de tous les autres continents. Pourtant, c’est un continent qui regorge d’énormes ressources minières et naturelles (gaz, pétrole, or, uranium, coton, café, cacao.) C’est dire que l’Afrique est une terre de matières premières. Cependant, faute d’unités industrielles suffisantes, la plupart de ces matières premières ne sont pas transformées sur place. Conséquence, le chômage et la pauvreté deviennent monnaie courante.Il va sans dire donc que l’industrialisation est le seul gage de la croissance économique de l’Afrique. La nature ayant bien servi les Etats africains (l’or au Mali, au Ghana, en Afrique du Sud, le pétrole au Nigeria, en Algérie, l’uranium au Niger, le café, cacao en Côte d’Ivoire, le lithium en République démocratique du Congo, le coton au Burkina Faso et au Bénin, le gaz au Sénégal), il ne manque plus que des unités industrielles pour amorcer une véritable croissance économique. Pourquoi ne pas donc s’engager dans cette voie ? Parce que hélas, il faut lutter contre le changement climatique…La lutte contre le réchauffement climatique est devenue aujourd’hui une problématique majeure de l’humanité. C’est pourquoi chaque année, les dirigeants de la planète se réunissent sous l’égide de l’ONU afin d’adopter des « mesures idoines ». Nous utilisons les guillemets à dessein car ces mesures ne sont pas tout à fait idoines pour l’ensemble des pays en particulier ceux d’Afrique.Pour prendre un exemple récent, dans les résolutions de la Cop-26, il a été recommandé d’aller vers un abandon progressif des énergies fossiles, notamment le charbon. Les énergies fossiles sont issues de la transformation de matières organiques enfouies dans le sol pendant des millions d’années. Elles proviennent des réserves composées principalement de carbone. Ces énergies sont dites « non renouvelables ». Est-ce le cas ? Pas vraiment ! Si la transformation peut prendre du temps, elle n’en demeure pas moins impossible.Comme nous l’avons vu plus haut, la plupart des matières premières en Afrique proviennent des énergies fossiles. Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, les Etats africains sont invités, sinon contraints de ne pas exploiter leurs ressources naturelles. Pendant ce temps, les pays les plus industrialisés ont utilisé et continuent d’utiliser des énergies fossiles à l’instar des Etats-Unis, de la Chine ou de l’Inde.D’ailleurs lors de la Cop-26, l’Inde avait tenté de mettre son véto pour que le mot « abandon » (des énergies fossiles) ne figure pas dans le communiqué final. Le paradoxe est saisissant ! Si les pays qui sont déjà industrialisés, développés, ne veulent pas toujours abandonner ces énergies, quid de l’Afrique qui est en phase préliminaire de l’industrialisation ?Un seul chiffre, l’Afrique ne contribue qu’à 3 % d’émission de gaz à effet de serre dans le monde. Pourquoi doit-on demander les mêmes efforts à tous les pays avec ce taux extrêmement déséquilibré ? Il est évident qu’en l’état actuel des choses, le continent africain ne devrait pas appliquer les résolutions issues de différentes Cop sinon ce serait synonyme de renoncer à sa croissance économique.Nous soutenons cette thèse pour la raison suivante : les pays développés, donc responsables du réchauffement climatique, sont censés remplir leur part du contrat en finançant les projets d’énergies vertes ou énergies renouvelables en Afrique notamment (centrales solaires, énergies éoliennes, énergies hydraulique) à hauteur de 100 milliards par an après la Cop-21 à Paris en 2015. Sauf que cette promesse n’a jamais été tenue ! Doit-on s’en tenir aux promesses d’une Cop à l’autre pendant que les autres pays continuent à se développer ?La rhétorique de la « langue de coton » des puissances occidentales sur le changement climatiqueLa notion de langue de coton est un concept crée par François-Bernard Huyghe en 1991. Elle fait référence à une technique argumentative et rhétorique qui vise à définir des objectifs très généraux, très vagues sur un phénomène complexe tel que le changement climatique.Il s’agit très souvent des arguments qui sonnent généreux à l’oreille. Dès lors, ces arguments laissent peu de place à une réfutation simple. Lorsqu’on affirme « agir pour le climat pour un développement durable » ou encore vouloir « limiter l’impact de l’activité humaine sur la planète pour le bien des générations futures » ; ou tout simplement « sauver la planète » comment ne pas être d’accord avec ces arguments ?Les puissances occidentales ayant compris cela, ces formules toutes faites sont employées à cor et à cri lors des Cop ou tous autres sommets sur le climat. Ainsi, au fil du temps on parvient à convaincre une bonne partie de l’opinion internationale sans poser d’actes concrets. Il n’y a qu’à regarder les politiques publiques en matière écologiques dans ces pays occidentaux pour s’en convaincre. En réalité, la lutte contre le réchauffement climatique n’existe que de nom ! L’Afrique dit-elle continuer à suivre ce discours ?La recherche d’une solution endogène pour faire face au dérèglement climatique en AfriqueAprès avoir démontré que le développement de l’Afrique passe nécessairement par l’industrialisation ; que la question du réchauffement climatique constitue un obstacle à cette industrialisation ; que la rhétorique de la langue de coton des puissances occidentales vise à endormir les opinions sans jamais agir, nous allons à présent parler des solutions qui s’offrent au continent africain.La solution la plus évidente, et ce n’est pas une surprise, c’est de créer des unités industrielles. Ce faisant, on crée de l’emploi et donc de la richesse. En utilisant tout le potentiel qui existe, le taux de pauvreté va considérablement baisser. Le niveau de vie des populations sera amélioré. Il suffit, pour s’en convaincre, de voire les Emirats arabes unis, où la Cop se tient cette année. Leur richesse provient essentiellement du pétrole et donc une énergie…. Fossile !En parallèle, il faudra adopter des mesures alternatives pour limiter le réchauffement climatique. On pourra par exemple instaurer une taxe climat sur toutes les usines qui utilisent des énergies fossiles. Ces taxes ainsi prélevées pourraient constituer un Fonds africain pour le climat (Fac). Le Fac servirait à financer les projets d’énergies vertes sur le continent et entretenir les forêts sources de biodiversité telles qu’on les retrouve au Congo, au Gabon et dans les pays de grands lacs.Le reboisement est également une solution. Dans la plupart des Etats africains, les principales activités sont : l’agriculture, l’élevage, la pêche… En faisant du reboisement, on obtient une bonne pluviométrie. Ce qui favorise les activités agro-Sylvio-pastorales qui favorisent à leur tour la création d’unités industrielles dans le domaine agroalimentaire.Vous l’aurez compris, l’Afrique doit, tout en luttant contre le réchauffement climatique à sa manière, développer des industries pour sa croissance économique. Le changement climatique est un processus naturel de l’évolution humaine et environnementale. Il ne faut pas en faire un sujet majeur au point de renoncer au développement industriel.Autrement, ce serait se tromper de combat…Bréhima SidibéDoctorant à CY Cergy Paris Université

Source : Mali Tribune

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post Remise du rapport annuel 2022 de l’OCLEI au président de la transition : Assimi Goïta déplore la diminution des demandes de déclaration des biens Il encourage l’Oclei à intensifier les activités de sensibilisation pour éradiquer ce fléau
Next post 3ème Édition de la Semaine Internationale du Dépistage (SID) : Les acteurs à pied d’oeuvre pour la réduction des maladies virales d’ici 2030

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *