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Lâché par les militaires (selon les déclarations de ses propres partisans) et en disgrâce au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), Dr Choguel Kokalla Maïga se comporte comme un Premier ministre aux abois dont les jours sont comptés à la Primature. Et pour rester maître du jeu, il multiplie les manœuvres maladroites qui risquent finalement de lui coûter cher en l’isolant davantage.


Au M5-RFP, la crise a atteint son paroxysme au point qu’on se demande aujourd’hui si ce regroupement hétéroclite pourra éviter l’implosion totale. On s’y clash sans élégance et on règle les comptes à coup de révélations croustillantes qui en disent souvent long sur la déliquescence des mœurs dans notre arène politique. Au centre, Dr Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre et Président aujourd’hui contesté du Comité stratégique. Même s’il est réputé pour sa ténacité et sa malice, l’actuel chef du gouvernement de la Transition est sérieusement acculé et pris entre deux feux, son camp et les militaires.
L’homme joue son baroud d’honneur, mais multiplie les erreurs et enchaîne les échecs comme le meeting raté le 3 mars 2024 au Palais des sports. A cette occasion, il a voulu faire d’une pierre deux coups : prouver aux militaires qu’il est encore un bouclier qui leur est indispensable et aussi démontré à l’opposition au sein du M5-RFP que c’est lui qui a encore la main mise sur la masse qu’il peut mobiliser à souhait. Le meeting (officiellement organisé pour expliquer aux militants les tenants et les aboutissants du retrait des pays de l’AES de la Cédéao) a été un fiasco retentissant et le PM a commis une gaffe en accusant ouvertement des «Militaires» comme responsables de la division au sein de son mouvement. Une stratégie visant à mobiliser autour de sa personne.

«Je les connais (militaires) et je constate ce qu’ils font pour y parvenir. Je connais les noms de beaucoup d’entre eux et ils font leurs réunions toute la nuit. Ils veulent affaiblir le M5. Ils rassemblent les membres du M5-Rfp pour leur faire croire que tous leurs problèmes viennent de leur président…», a-t-il martelé dans une interview à l’issue du meeting. Et cela en assurant que personne ne pourra le mettre dos-à-dos avec le président Assimi Goïta et en jurant la main sur le cœur de ne jamais trahir les idéaux de la Transition qui, assure-t-il, doit être conduite à son terme dans le temps qu’il faut. Voudrait-il diviser les leaders de l’ex CNSP qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Renier les certitudes qui étaient jusque-là ses chevaux de bataille pour conserver son fauteuil
Malheureusement, cela a visiblement précipité sa destitution le 5 mars 2024 de la présidence du Comité stratégique. Déjà le 2 mars, il lui avait été clairement demandé par les «frondeurs» de clarifier sa position en désavouant notamment Aboubacar Karamoko Traoré (vice-président à qui il est reproché son incapacité à diriger les débats du comité stratégique) qui avait pris une décision pour suspendre 12 membres du Comité stratégique. Ce que le PM n’a pas fait et il a été destitué. Une décision naturellement nulle et sans effet pour lui mais…
Et pour brouiller les cartes en leur faveur et rendre leur idole indispensable à la Transition, les partisans de Choguel ont aussi brandit la thèse du complot en alertant sur l’existence de «cellules d’opposition» qui sont en train d’être «mises en place dans certaines régions et cercles afin de déstabiliser». Tout comme ils ont continué à incriminer les «Colonels». Certaines révélations de son camp laissent croire que le PM est un chef d’orchestre sans baguette de direction  pour impulser le tempo à l’action gouvernementale. Il a réellement du pouvoir sur peu de ministres.
Abandonné par les siens et ne pouvant plus compter sur les membres de l’ex CNSP, Choguel tente toujours de garder la main en initiant jeudi dernier (toujours avec le prétexte du retrait des pays de l’AES de la Cédéao et la fin de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali) une rencontre avec les responsables des partis politiques afin de les rallier à sa cause. «Nous sommes entre nous. Nous n’allons pas nous séparer», s’est-il adressé à ses interlocuteurs parmi lesquels (à une exception près), il n’y avait malheureusement pas de leaders influents de l’arène politique nationale.
Dos au mur et sur le point de tout perdre, Choguel Kokalla Maïga  a préféré se jeter dans les bras de ceux qu’il snobait il y a peu. Il est contraint aujourd’hui d’aller chercher chez ses «rivaux» le soutien qu’il n’a plus dans son propre camp. Si hier tout se résumait au M5-Rfp, le «Premier ministre rectification» reconnaît désormais que son mouvement à lui seul ne peut pas construire le Mali. Le pays a aujourd’hui besoin de toutes ses filles et ses fils pour le retour de la paix, reconnaît maintenant le concepteur des notions «Faso den gnuman» (patriote) et «Faso den jugu» (ennemis de la patrie). Dans le dernier cercle, figurent tous ceux qui ne pensent pas ou qui n’ont pas la même vision politique de la transition que lui.
La rencontre de jeudi dernier est une curieuse décision de la part d’un homme qui, depuis qu’il est à la Primature (7 juin 2021), n’a pas cessé d’accabler les politiciens qui ne sont pas de son bord. Presque toujours ironique et dans le dédain, il n’a pas ménagé ses critiques et sa provocation à l’endroit des partis et leaders issus du mouvement démocratie.
Aujourd’hui acculé de tous les côtés, il lâche du lest dans l’espoir de desserrer l’étau. Aussi intelligent, futé et rusé soit-il, Choguel Kokalla Maïga réussira-t-il à sauver son fauteuil de Premier ministre ?
Naby
Source : Le Matin


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